Les Tudors (French Edition) by Bernard Cottret

Les Tudors (French Edition) by Bernard Cottret

Auteur:Bernard Cottret [COTTRET, Bernard]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Place des éditeurs
Publié: 2019-03-20T23:00:00+00:00


Catherine Parr : retour à la case départ

Catherine Parr fut sans doute la plus intelligente de toutes les épouses d’Henri VIII, la plus subtile, la plus avisée et, en tout cas, la plus mystique. En juillet 1543, Henri entamait son sixième mariage. Deux fois veuve, l’heureuse élue avait déjà une certaine expérience de la vie, qu’elle avait acquise au cours de ses mariages successifs avec Edward Burgh, un gentleman du Lincolnshire, puis John Neville, baron Latimer. Elle en était à envisager une troisième union, cette fois-ci avec sir Thomas Seymour, un frère de la reine Jeanne, lorsque le roi Henri jeta son dévolu sur cette trentenaire (elle était née en 1512), entrée au service de sa fille Marie.

Catherine avait du bon sens à revendre et elle accepta volontiers le parti que lui offrait ce roi aigri et souffreteux, convaincue à part soi qu’elle pourrait illuminer ses vieux jours par ses dons incontestables de garde-malade, quitte à convoler plus tard (tout est une question de patience) avec ce Thomas Seymour qu’elle aimait. Catherine, dévouée et fidèle, s’occupa des deux filles et du petit prince de Galles : ce que l’on appellerait de nos jours une « famille recomposée » était une situation fréquente en ces temps de grande morbidité.

Fortement marquée par l’évangélisme érasmien, la nouvelle Catherine était partisane d’une religion aimable, ouverte aux belles-lettres et à l’expression des sentiments. Elle avait, de plus, le sens de la famille qui manquait tant à son époux ; c’est elle qui réunit les trois enfants d’Henri à partir de la fin de 1543. Elle s’intéressa tout particulièrement à leur éducation, souhaitant, comme l’avait recommandé Thomas More, que les filles fussent aussi cultivées que les garçons. La future reine Élisabeth lui voua une affection méritée (voir chapitre 23, « Élisabeth Ire, mère et épouse du royaume »). Elle lui exprima toute sa filiale gratitude : « Vos marques d’affection envers moi, lui écrivit-elle, me conduisent à faire un examen de conscience pour voir si je les mérite, et je ne trouve rien d’autre en moi qu’un immense zèle pour le service de votre Majesté8 » (juillet 1544).

Contrairement à Catherine Howard, Catherine Parr avait « de la religion », beaucoup de bon sens et une inaltérable vertu. Il fallait toute la noirceur de cet abominable cafard de Stephen Gardiner pour suspecter son orthodoxie ; aux yeux de l’ecclésiastique, une femme qui pense était au moins aussi suspecte qu’une femme qui musarde, voire pire encore, puisqu’elle risquait de compromettre le salut de son époux. Théologiquement conservateur, l’évêque de Winchester redoutait que son pays entrât de nouveau, comme du temps de Cromwell, dans une alliance défensive avec les protestants d’Allemagne.

Conscient également que les jours du roi étaient comptés, Gardiner craignait plus que tout qu’une éventuelle régence ne fût confiée à la reine qui favoriserait sans doute la reprise de négociations avec la ligue de Smalkalde. Son secrétaire particulier, Walter Buckler, passa de longs mois en Allemagne en 1545 afin de négocier un accord, jamais conclu, avec les princes protestants et le roi du Danemark.



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